- crêpe
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• XIIIe; cresp adj. XIIe; lat. crispus « frisé »♦ Fine galette faite d'une pâte liquide composée de lait, de farine et d'œufs, que l'on a fait frire, saisir dans une poêle ou sur une plaque (⇒ crêpière). Crêpe bretonne. Crêpes de froment, de sarrasin. ⇒ blinis, galette. Crêpe épaisse. ⇒ matefaim. Crêpe flambée. Crêpe Suzette, au jus d'orange et Grand Marnier, flambée. Crêpes dentelle. Faire des crêpes à la Chandeleur. Faire sauter des crêpes.♢ Loc. S'aplatir comme une crêpe : se soumettre lâchement. Retourner qqn comme une crêpe, lui faire changer brutalement d'opinion.crêpe 2. crêpe [ krɛp ] n. m.• 1357; de l'adj. cresp → 1. crêpe1 ♦ Tissu serré de soie, de laine fine, auquel on fait subir un certain apprêt suivi d'une compression. Crêpe de soie, dont les fils de chaîne sont très tordus. Crêpe de Chine. Crêpe Georgette (ou georgette),souple, transparent. Crêpe satin. Robe drapée de crêpe, en crêpe.♢ Morceau de crêpe noir, que l'on porte en signe de deuil. Voile de crêpe. Absolt Porter un crêpe, à la coiffure, au revers de la veste, en brassard. « il avait gardé à son chapeau le crêpe de l'enterrement de Jacques » (Giraudoux).2 ♦ Latex de caoutchouc coagulé et séché, servant à faire des semelles de chaussure. Chaussures à semelles de crêpe, appos. à semelles crêpe.Synonymes :- crêpage● crêpe nom masculin (de crêpe) Caoutchouc brut obtenu par coagulation du latex. ● crêpe nom féminin (féminin de l'ancien français cresp, frisé) Galette mince faite d'un mélange fluide de farine, d'œufs et de lait ou d'eau, cuit à la poêle ou sur une plaque. (En Bretagne, la crêpe de farine de blé est sucrée, celle de farine de sarrasin, ou galette, est salée.) ● crêpe (homonymes) nom masculin (de crêpe) crêpe nom féminin crêpe forme conjuguée du verbe crêper crêpent forme conjuguée du verbe crêper crêpes forme conjuguée du verbe crêper ● crêpe (difficultés) nom féminin (féminin de l'ancien français cresp, frisé) Orthographe Avec un accent circonflexe comme les dérivés crêperie, crêpier, crêpière : manger une crêpe à la confiture. ● crêpe (expressions) nom féminin (féminin de l'ancien français cresp, frisé) Crêpe dentelle, petit biscuit roulé fabriqué à partir d'une pâte à crêpe, séchée au four. Crêpe Suzette, crêpe parfumée à l'orange et flambée à l'alcool. Familier. Retourner quelqu'un comme une crêpe, l'amener très facilement à changer d'opinion. ● crêpe (homonymes) nom féminin (féminin de l'ancien français cresp, frisé) crêpe nom masculin crêpe forme conjuguée du verbe crêper crêpent forme conjuguée du verbe crêper crêpes forme conjuguée du verbe crêpercrêpen. f. Fine galette plate et ronde à base de farine, d'un liquide (eau, lait ou bière) et d'oeufs.————————crêpen. m.d1./d Tissu léger et non croisé, fabriqué avec de la soie ou de la laine très fine et qui a un aspect grenu obtenu par une extrême torsion des fils.|| Morceau de crêpe (ou de tissu analogue) noir, que l'on porte en signe de deuil.d2./d Caoutchouc brut épuré. Des bottillons à semelles de crêpe.I.⇒CRÊPE1, subst. masc.I.— COUTUREA.— Étoffe généralement de laine ou de soie, plus ou moins légère et transparente à l'aspect ondulé, dont la texture grenue est obtenue par une forte torsion des fils. Crêpe blanc, robe de/en crêpe. Les jupes de crêpe, molles et tristes, montaient les marches (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 354).♦ Crêpe georgette. Crêpe très fin et léger, en soie naturelle, artificielle ou synthétique (Guide pratique de la couture créative ds Sélection du Reader's digest, Paris, 1975, p. 27). Crêpe marocain. Crêpe assez épais à gros fils de trame, ayant du tombant (Guide pratique de la couture créative, loc. cit.). Crêpe de Chine. Étoffe de soie naturelle ou artificielle légèrement crêpée (Guide pratique de la couture créative, loc. cit.). Corsage de crèpe de chine blanc (DU BOS, Journal, 1928, p. 11).— P. compar. (avec l'aspect du crêpe). Un crêpe blanc montait des profondeurs de cette immense vallée des Vosges (HUGO, Rhin, 1842, p. 282). Les mouches aux ailes de crêpes (HUGO, Chansons rues et bois, 1865, p. 214).B.— En partic. [Avec une valeur symbolique, pour désigner des vêtements (notamment des voiles) en crêpe noir marquant le deuil] Crêpe(s) funèbre(s), porter un crêpe au bras, sur le revers du veston; crêpe de deuil. Une femme en noir, en grand deuil, (...) son voile de crêpe relevé (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Tombales, 1881, p. 1209).— P. méton.1. Vêtement, voile de crêpe noir symbolisant le deuil. Le crêpe et les fatigues accablaient la jeune veuve (COCTEAU, Enf. terr., 1929, p. 126). Ma mère s'enveloppa de crêpe et fit teindre en noir mes vêtements (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 174).• 1. ... Noémi Péloueyre s'ensevelit dans le crêpe pour trois ans. Son grand deuil la rendit, à la lettre, invisible.MAURIAC, Le Baiser au Lépreux, 1922, p. 210.2. Bandeau de crêpe noir que l'on porte sur ses vêtements en signe de deuil. Jeanne est serrée dans sa mante noire et Henri porte un crêpe à son chapeau de paille (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 508). Gildas était mort. Alors Yves mit un crêpe à sa manche de laine (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 175).— P. compar. ou p. métaph. Inquiétude, mélancolie. Elle [la nuit] arrive insensiblement, et déjà son crêpe noir s'étend sur la terre (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 99). Journée de mélancolie croissante. Sentiment de décrépitude, froid dans les moelles, crêpe sur l'avenir, sourde désespérance (AMIEL, Journal, 1866, p. 149).— Loc. fig. Jeter/mettre un crêpe sur/à. Assombrir, attrister. Sa mort (...) jeta des crêpes sur les joies de cette union (BALZAC, Lys, 1836, p. 62). La pénible aventure qui met un crêpe à votre constante gaieté (MURGER, Scènes vie bohème, 1851, p. 154).II.— P. anal.A.— COIFFURE, rare. Touffe de cheveux frisés.Rem. Attesté ds Lar. 19e-Lar. encyclop., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, ROB.B.— CHAUSSURE, usuel. Caoutchouc brut, laminé en feuilles, généralement de couleur claire et d'aspect gaufré, qui sert à la confection de semelles de chaussures assez épaisses et souples. Des souliers à semelles de crêpe couleur de miel (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 200) :• 2. Katow et Kyo portaient des chaussures de sport à semelles de crêpe, et n'entendaient leurs pas que lorsqu'ils glissaient sur la boue; ...MALRAUX, La Condition humaine, 1933, p. 192.Prononc. et Orth. :[
]. Durée longue corresp. à la disparition de l'anc. -es- de crespe (remplacé par ê) indiquée ds BARBEAU-RODHE 1930 et sous forme de mi-longue ds PASSY 1914. La durée longue est notée, régulièrement, ds les dict. plus anc. comme LAND. 1834. LITTRÉ et DG. La tendance est à la faire disparaître. Le mot est attesté ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme crespe; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Noter que, parmi les dér., certains s'écrivent avec un accent circonflexe d'apr. crêpe : crêpelu, crêpelure, crêper, crêpière. D'autres s'écrivent avec un accent aigu : crépin, crépine, crépinette, crépir, crépissage, crépissement, crépissure, crépon, créponaille, crépu, crépue (pour cette liste cf. DUPRÉ 1972). Dans ces dér. l'e (de crêpe) se retrouve en position inaccentuée d'où disparition de la durée et par suite fermeture de la voyelle. Dans les dér. écrits avec é accent aigu il y a harmonisation entre la prononc. et la graph. Souvent la syll. accentuée renferme une voyelle très fermée, du type de ou [y], qui renforce la tendance à la fermeture de la syll. précédente atone. Dans les dér. qui conservent [i]ê accent circonflexe c'est précisément cet accent et l'infl. de crêpe qui retardent la fermeture de la voyelle. Pour le détail sur l'orth. et la prononc. de ces mots cf. chacun des dérivés. Étymol. et Hist. 1. 1285 crepes « ornements de tête » (JACQUES BRETEL, Le Tournoi de Chauvency, éd. M. Delbouille, 2396); av. 1549 crespe noir « signe de deuil » (MARGUERITE DE NAVARRE, L'Heptaméron, XVI, éd. M. François, p. 129); 1853 crêpe de Chine (Le Magasin des familles, 5e vol., année 1853, p. 214 ds Cah. Lexicol., t. 6, 1961, p. 88); 2. 1933 « semelle » (MALRAUX, supra ex. 2). Substantivation de l'adj. a. fr. cresp, crespe « frisé, bouclé » (av. 1105 judéo-fr. crespes [?] masc. plur., RASCHI Blondh., n° 273); 1160-70 cresp masc. (MARIE DE FRANCE, Les Lais, Lanval, éd. J. Rychner, 568); début XIIIe s. cas suj. masc. sing. crespes (G. DE MONTREUIL, Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 6589) du lat. class. crispus « frisé, ondulé ».
II.⇒CRÊPE2, subst. fém.A.— ART CULIN. Mince couche de pâte de forme ronde, cuite à la poêle ou sur une plaque de fonte, que l'on consomme nature ou fourrée d'une garniture sucrée ou salée. Crêpe bretonne, flambée; faire des crêpes, faire sauter les crêpes; crêpes de la chandeleur. Des crêpes de sarrazin, des omelettes au lard et au sucre (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 188). Vraiment cette crêpe au rhum ne vous dit rien? (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1409) :• On entend surtout sauter les crêpes, l'entremets traditionnel. Des crêpes rondes et lourdes comme des disques, parfumées à la fleur d'oranger. On les arrose de café corsé « d'un doigt » d'armagnac.PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 11.— Pâte à crêpe. Préparation salée ou sucrée, et éventuellement parfumée, composée d'œufs battus avec du lait et de la farine de blé ou de sarrasin. La pâte à crêpe recouverte d'un linge blanc se gonflait de bulles (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 156).B.— Loc. verbales, fig., fam. [P. réf. à la méthode de cuisson des crêpes]1. [Le suj. désigne une pers.] Sauter, se retourner comme/ainsi qu'une crêpe. Si tu bondissais à pieds joints sur son ventre tu sauterais en l'air comme une crêpe (CLAUDEL, Endormie, 1883, p. 16). Il s'était retourné sur lui-même, comme en la poêle une crêpe rissolée d'un côté (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., p. 65).2. [Le compl. désigne une ou plusieurs pers.]a) Retourner qqn comme une crêpe. Faire changer quelqu'un d'opinion, d'attitude avec autant de facilité et de rapidité que l'on retourne une crêpe. Napoléon a retourné le monde comme une crêpe (BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 250).b) Laisser tomber qqn comme une crêpe. Abandonner quelqu'un avec autant de facilité et de rapidité que l'on laisse retomber la crêpe dans la poêle après l'avoir fait sauter. Il [Soucaille] me donne une patte molle, et tout de suite me laisse tomber comme une crêpe pour saisir Belligat au passage (GENEVOIX, Assassin, 1948, p. 112).C.— P. anal. ou ext., arg.1. Casquette.2. Individu incapable, bon à rien, personne dont on fait peu de cas.Rem. Sens 1 attesté ds LACASSAGNE, Arg. du « milieu », 1928, p. 63 et CARABELLI, [Lang. de la pègre]; sens 2 ibid. et Lar. encyclop.Prononc. et Orth. :[]. Cf. crêpe1. Admis ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. Ca 1285 crispe (G. DE BIBBESWORTH, Traité sur la lang. fr., éd. A. Owen, 1125); 1380 crepe (Trinité, A. Vienne ds GDF. Compl.). Substantivation de la forme fém. de l'adj. a. fr. cresp, crespe « frisé, ondulé » (v. crêpe1 « étoffe ») p. allus. à l'aspect que prend la crêpe quand on la fait cuire.
STAT. — Crêpe1 et 2. Fréq. abs. littér. :418. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 423, b) 817; XXe s. : a) 621, b) 604.DÉR. Crêperie, subst. fém. [Principalement en Bretagne]. Établissement où l'on prépare et vend des crêpes à consommer sur place. Il entre dans une crêperie pour manger des crêpes (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 79). — [] ou [
-] par harmonisation vocalique. Seule transcr. ds Lar. Lang. fr. qui transcrit [
] ouvert. Cf. crêpe1. — 1re attest. 1929 (Lar. 20e); de crêpe, suff. -erie. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 78.1. crêpe [kʀɛp] n. f.ÉTYM. 1380; crispe, v. 1285; substantivation de l'anc. adj. cresp, crespe « frisé », v. 1160, du lat. crispus « frisé », par allus. à l'aspect pris par la pâte.❖1 Fine galette faite d'une pâte liquide composée de lait, de farine et d'œufs, que l'on a fait frire dans une poêle ou sur une plaque (dite plaque à crêpes. ⇒ Crêpier, II., galettière). || Crêpe roulée. || Crêpe de froment, de sarrasin (⇒ Blinis; galette). || Crêpe fourrée. || Crêpe salée, sucrée. || Crêpe à la confiture, au jambon. || Crêpe flambée. || Crêpes bretonnes accompagnées de cidre. || Crêpe des Chartreux, fourrée et parfumée à la chartreuse verte. || Crêpe Suzette, au sucre, parfumée au citron ou au curaçao. || Crêpes au Grand Marnier (nom d'une liqueur). || Crêpe épaisse. ⇒ Matefaim; pannequet. || Faire sauter des crêpes. || Manger des crêpes à la Chandeleur, le jour du mardi gras. || Manger des crêpes dans une crêperie bretonne.0 Mais, d'ordinaire, pour sa réception du mardi, Pauline se bornait à commander des tartelettes et des crêpes aux confitures (…)J. Chardonne, les Destinées sentimentales, I, p. 41.♦ Crêpe dentelle. ⇒ Dentelle (2.).2 ☑ Loc. compar. S'aplatir comme une crêpe : se soumettre lâchement. ☑ Retourner qqn comme une crêpe, l'influencer au point de lui faire changer instantanément d'opinion. ☑ Laisser tomber qqn comme une crêpe, l'abandonner brutalement.♦ Fig., fam. Personne molle, niaise. || Quelle crêpe, ce type !❖DÉR. Crêperie, crêpier.————————2. crêpe [kʀɛp] n. m.ÉTYM. 1285, crepes, « ornements de tête »; substantivation de l'anc. adj. cresp, crespe (→ 1. Crêpe).❖1 (1357, in Gay). Tissu léger de soie, de laine fine, auquel on fait subir un certain apprêt suivi d'une compression. || Crêpe de soie (dont les fils de chaîne sont très tordus). — (1827). || Crêpe de Chine : étoffe de soie légèrement crêpée. || Crêpe marocain : tissu épais à grain cannelé. || Crêpe Georgette (ou georgette), souple, transparent. || Crêpe lisse, crêpe ondulé, crêpe crêpé (crêpes de garniture). — (1925). || Crêpe satin.➪ tableau Noms et types de tissus.REM. Les syntagmes les plus courants sont crêpe de Chine et crêpe Georgette.♦ (Mil. XVIe, crespe noir). Un, des crêpes. Morceau de crêpe noir, que l'on porte en signe de deuil. || Porter un crêpe à la coiffure, au revers de la veste, en brassard… — Mettre un crêpe, un bandeau de crêpe à un drapeau.1 (…) il avait gardé à son chapeau le crêpe de l'enterrement de Jacques (…)Giraudoux, Bella, IX, p. 212.♦ Par métonymie. Littér. Vêtement de deuil, et, fig., le deuil. || « Le crêpe et les fatigues accablaient la jeune veuve » (J. Cocteau, les Enfants terribles, in T. L. F.). — Par métaphore, poét. Inquiétude, mélancolie.2 (1929, in D. D. L.). Latex de caoutchouc coagulé et séché, très résistant, servant à faire des semelles de chaussures. || Chaussures à semelles de crêpe. En appos. || Semelles crêpe.2 (…) ces souliers, aux épaisses semelles de crêpe, des souliers dans lesquels on marcherait sans faire de bruit et sans se mouiller les pieds.S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 86.3 (XVIe, le crespe des cheveux). Par anal. (Vx). Petite touffe de cheveux, nattés ou frisés, que les femmes ajoutaient à leur coiffure.❖DÉR. Crépine, crépon, crépu.
Encyclopédie Universelle. 2012.